Interview exclusive : Jean-Luc Istin
Entre la sortie du Seigneur d’ombre et du tome deux des Contes du korrigan, la préparation du tome trois et les rééditions des deux premiers tomes de Merlin, Jean-Luc Istin a trouvé quelques minutes à nous consacrer pour une petite interview.





Comment se sont déroulés les premiers pas de Jean-Luc Istin dans le monde de la Bande-dessiné ? Est-ce une vocation ou le résultat du hasard ?
ISTIN: Le résultat du hasard ? Je connais peu d'auteurs qui font de la B.D. par hasard. Je suis tombé dans la potion magique tout petit avec un batman, un strange, et un tintin. J'ai dessiné et écrit depuis lors mais j'ai mis un certain temps à m'y mettre professionnellement. J'ai d'abord rencontré des auteurs qui ont compté et m'ont aidé à progresser, entre autres JODOROWSKY et GEORGES BESS.

On a l’impression que ton arrivée chez Soleil a été une seconde naissance. Notamment grâce à la reprise de Merlin et aux nombreux projets d’Istin mentionnés au catalogue. Comment s’est passé cette rencontre ? Est-ce Soleil qui est venu te chercher ?
Istin: Il y a erreur : j'ai signé chez soleil bien avant de participer à NUCLEA. Il s'agissait d'un contrat en tant que dessinateur mais l'album ne sortira jamais ! Trop mauvais! Puis, j'ai signé un album en tant que scénariste, AQUILON. Le dessinateur, GUY MICHEL a tellement retouché ses planches qu'au final , l'album tome 1 est sorti quelques mois après MERLIN et ALEPH de chez NUCLEA.

Quel avenir est prévu pour les séries entamées chez Nucléa, avant leur échec et leur reprise récente ? Est-ce que Arthur Pendragon, Aleph, et Draven ont une chance d’être réédité chez un autre éditeur comme ça a été le cas pour Merlin, voire d’être continué chez Nucléa² ?
Istin: Aucune de ces séries n'aura la chance de continuer à être éditée chez nucléa2 ! J'ai fini par parler avec M. SALMON qui travaille chez eux : ces séries n'ont pas fait un assez bon score, donc on les arrête. Je vous rassure ALEPH n'a pas fait un si mauvais score. Et même si cette série a vendu moins que MERLIN, elle était la meilleure seconde vente de nucléa. Toute les autres séries naviguaient en dessous voir largement en dessous.
ALEPH, c'est la série qui me manque. DIM-D, comme moi, souhaiterions réaménager l'ensemble, recoloriser le tout et continuer à travailler sur la suite.

Le tome 2 des « contes du Korrigan » va sortir courant mai 2003 chez Soleil. Est-ce que les dessinateurs impliqués changeront à chaque tome ou est-ce qu’une équipe régulière a été constituée ?
Istin: Pas d'équipe régulière car tous les dessinateurs participants possèdent leur propre série. Du coup, ils ne sont pas forcément libres. Par contre, ils sont prioritaires à toute autre candidature. Ce n'est pas facile de gérer ces albums : il y a toujours des surprises auxquelles on ne s'attend pas. Un seul dessinateur qui ne finit pas sa partie dans les temps et c'est tout l'album qui est à la bourre. Sans compter sur les étourderies de chacun que je dois effacer avec l'aide des maquettistes de soleil.

Quel est le Jean-Luc Istin qui prend le plus de plaisir : le dessinateur ou le scénariste ?
Est-ce que l’on n'est pas plus exigeant avec ses dessinateurs lorsqu’on est soi-même dessinateur ?
Istin: Le scénariste ! C'est un plaisir plus rapide et qui change souvent : plusieurs univers, de nouveaux personnages. Le dessin est plus long, rempli d'incertitudes. J'aime dessiner mais pas au rythme qu'impose la parution BD.
Je ne pense pas que je sois plus exigeant avec les dessinateurs parceque j'en suis un. Je connais beaucoup de scénaristes qui agissent comme des tortionnaires avec leur collaborateurs, ils n'hésitent pas à leur faire refaire des pages entières : pour ma part, je préfère aménager le scénario que de refaire dessiner. Ce qui ne m'empêche pas de pointer du doigt les faiblesses de me collaborateurs afin qu'ils s'améliorent pour les pages à venir.
Ah, attendez, j'oubliais, dans un certain cas je prendrais un malin plaisir à faire refaire des pages : c'est quand le dessinateur est un glandeur invétéré ! Là ! ça me rend vicieux ! j'en connais qu'un !

Quels sont les BD's qui t’ont donné l’envie de devenir auteur ? Tes maîtres en quelque sorte...
Istin: Les X-MEN par JOHN BYRNE et FRANK MILLER. Mais pour accéder à la bd franco-belge, j'ai été obligé de changer d'influences...

Outre ton travail personnel, quels sont les albums qui t’ont plu dernièrement ? Es-tu sensible aux auteurs de la nouvelle vague comme Sfar, Trondheim ou encore Blain ? Lis tu des BD's venant de l’étranger ? (mangas, comics...)
Istin: Et bien ça tombe bien, j'ai adoré "le chat du rabbin" !!!! Je lis de tout et j'aime beaucoup de choses très différentes. Je déteste les cloisons de genre, pour moi, que ce soit du comics, du manga ou du franco-belge, c'est toujours de la bd.
Ceci dit, l'album qui m'a dernièrement fait passer du bon temps, c'est "les teigneux" : la mise en scène de Castaza est excellente et les dialogues de Chanoinat sont, à mon avis, parmi les meilleurs de ce qui se fait actuellement. Chanoinat est un grand !!! (en plus , il est costaud... si!)

Quel est ton avis au sujet de la mode qui sévit depuis quelques années d’adapter les bandes-dessinées au cinéma ? Est-ce que tu serais ouvert à ce genre de proposition pour une de tes séries ? (je verrai bien Aquilon personnellement)
Istin: Non. Je veux pas ! J'ai pas envie d'être connu ! J'ai pas envie de voir mes personnages au cinéma : ce serait horrible !
Meuh nooonnn ! Je suis comme tout le monde, j'adorerais voir une de mes histoires sur grand écran. Pas aquilon, hélas, on ne fera jamais la suite, c'est un flop !
Je signe d'ailleurs une histoire en 2 tomes que j'écris pour les deux supports , bd et cinéma, au cas où, on ne sait jamais.

Alex Nicolavitch (scénariste de Central Zero chez Soleil) nous a confié qu’il était assez réfractaire à la colorisation par ordinateur. Quand on regarde ta bibliographie, on se rend compte que cette méthode reste assez peu utilisée. Quel est ton avis sur la question ?
Istin: Tous les albums où j'apparais ormis le merlin 1 sont colorisés à l'ordinateur. Donc , je ne peux pas être réfractaire à la colorisation par ordi. En fait, j'aime les deux méthodes du moment que le travail est agréable à regarder.

L’héroic-fantasy et les légendes celtiques semblent être ton terrain de prédilection. Est-ce que c’est aussi ton genre favori en tant que lecteur ou au cinéma ?
Istin: L'héroic fantasy n'est pas mon genre favori, bien au contraire. Je n'en lis pas. La plupart du temps les thèmes qui y sont développés m'ennuient. Ceci dit, j'en fait , notamment pour faire plaisir à certains de mes co-auteurs. Par contre, les légendes celtiques m'interessent vraiment.
En tant que lecteur comme au cinéma, mon genre favori c'est la SF : je suis un fan de K.DICK et de FRANK HERBERT. C'est le genre qui permet de se poser des questions sur l'humanité, le monde, l'ailleurs et de tenter d'y répondre.

Peut-on s’attendre, dans un futur plus ou moins proche, à voir Istin s’éloigner de l’héroic fantasy et participer à une série d’humour ou policière par exemple ?
(c’est le moment de nous balancer un scoop :) )
Istin: L'humour, jamais ! Franchement, j'en manque déjà pour mes proches ! Je ne suis pas fait pour ça. Le polard, oui ! Mais plutôt le thriller. En fait , j'en ai déjà écrit : le problème c'est que je n'ai pas de dessinateur. Même chose pour l'historique, j'ai écrit un album mais je n'ai pas de dessinateur. Ceci dit, mon urgence est de trouver un dessinateur capable de mettre en scène un scénario de SF dickien !

Jean-Luc Istin, BLAM! te remercie de nous avoir accordé cette interview. Nous te laissons le mot de la fin.
Istin: Fin !

Interview réalisée par Odin pour BLAM! (juillet 2003)


Pour plus d'infos...
  La chronique de l'album "Les contes du Korrigan".
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Jean-Luc Istin, Frédéric Peynet et Guy Michel / Erwan et Ronan Le Breton
Les contes du Korrigan 1
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