Le jardin des glaces"Los Tigres Del Ring" : Rencontre avec Jimmy Pantera
Jimmy Pantera, passionné de Lucha Libre (catch mexicain) et collectionneur de tout ce qui s’y rapporte, expose aujourd’hui son incroyable univers, peuplé de corps musclés et de masques fantasques. "Los Tigres del Ring" présente les différentes facettes iconographiques de ce catch si populaire en Amérique latine, à mi-chemin entre le sport et la religion.
La sortie de cet ouvrage était pour nous une occasion de poser quelques questions à son auteur.


Le jardin des glaces

Tout d’abord, qui se cache derrière le masque de JIMMY PANTERA ?
Jimmy Pantera: JIMMY PANTERA, c’est ce que j’ai toujours voulu être. Un bourlingueur du Sud, un peu comme Corto Maltese... Ce nom je l’ai lu un jour sur une vieille affiche de cinéma italienne, et je l’ai immédiatement adopté. Pour moi il évoque à la fois le cinéma d’aventures des années 50 et 60, les romans photos « Star Ciné Cosmos », les bandes dessinées « petits formats » Artima que je dévorais au kilo quand j’étais enfant, mais aussi l’univers du Cirque (ça pourrait être le sobriquet d’un lanceur de couteaux ou d’un cascadeur), du sideshow et bien sûr du catch... bref c’est un condensé de culture populaire naïve et spontanée... En réalité je vis à Bruxelles et je suis graphiste. Je suis passionné par le design « old school » et j’ai conçu l’image de marque des pâtisseries DEADLICIOUS.

BLAM!Que signifie ce titre, « Los Tigres Del Ring », et que représente ce livre pour toi ?
BLAM!Jimmy Pantera: « Los Tigres Del Ring » est le nom d’un trio de catcheurs mexicains, c’est aussi le titre d’une série Z de Mexploitation des années 60... Pour moi ça rappelle également les salles des cinémas de quartier, les péplums fauchés… toutes ces fictions mettant en scène des surhommes hauts en couleurs. On n’est pas dans le domaine de la réflexion intellectuelle mais dans celui de l’émotion et de l’instinct. Dans ce livre je prends le lecteur par la main et je l’emmène à la découverte de ma vision du catch mexicain (la Lucha Libre) : un monde d’une richesse incroyable qui brasse un tas d’influences. Je ne parle pas que de catch mais aussi de peinture, de religion, de mysticisme, de réalité magique... La grosse différence entre la Lucha Libre et les autres sports de combat réside dans cette mixité, dans ce mélange créatif et dynamique... Un lutteur mexicain, un Tigre du Ring, ce n’est pas rien qu’un type avec une cagoule sur la tête, derrière tout ça il y a une histoire fabuleuse à raconter.

BLAM!Tu t’intéresses au catch mexicain depuis longtemps ?
BLAM!Jimmy Pantera: Je suis fasciné par le catch depuis que je suis enfant, mais j’ai découvert la Lucha Libre bien plus tard, dans les années 80, entre autres dans le fanzine américain PSYCHOTRONIC. Les images étaient aussi intrigantes que rares. J’ai très vite compris que le seul moyen d’en savoir plus était de me rendre sur place. J’ai franchi le pas... puis j’ai plongé à fond. J’ai commencé à ramasser des tas de vieux magazines, des affiches, des jouets... J’ai aussi vu de nombreux combats, avec des stars comme ATLANTIS, EL HIJO DEL SANTO, MASCARA SAGRADA... Les lutteurs mexicains sont des athlètes complets, à la fois acrobates et danseurs. Il faut les voir voltiger dans les airs et pratiquer des prises aussi spectaculaires que complexes... Rien à voir avec le catch américain… Le catch américain, ce sont des bellâtres bodybuildés et bourrés de stéroïdes. C’est le triomphe d’une sorte d’icône mâle complétement débile ! Par contre chez les Mexicains il y a des gros, des nains, des affreux, des homosexuels... C’est le théâtre de la vie avec tous ses accidents et tous ses rires...

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BLAM!Quand a débuté la Lucha Libre ?
BLAM!Jimmy Pantera: Au début des années 30. Un homme d’affaires mexicain recruta une poignée de lutteurs américains et européens, puis il organisa des tournées itinérantes qui rencontrèrent un succès fulgurant. Au fil des années le catch mexicain développa son propre style, très acrobatique, et sa propre mythologie, axée sur le combat perpétuel du Bien contre le Mal. L’un étant personnifié par le « bon » catcheur (le TECNICO) qui respecte les règles avec vertu, et l’autre par le « mauvais » (le RUDO), toujours prêt à fomenter un mauvais coup... Les deux lutteurs les plus célèbres symbolisent cette dualité : EL SANTO (la figure du Bien), et BLUE DEMON (la figure du Mal). J’explique dans mon livre que ça a l’air très simple mais que la réalité est beaucoup plus complexe.

BLAM!D’où viennent les masques des catcheurs mexicains ?
BLAM!Jimmy Pantera: Il y a des sources différentes. D’une part les comics américains, avec tous ces superhéros masqués, le premier étant Batman. Un autre personnage influent est LE FANTOME DU BENGALE, alias L’OMBRE QUI MARCHE, un justicier masqué très populaire. Il ne faut pas non plus négliger l’influence japonaise avec LA CHAUVE-SOURIS DOREE, un héros costumé en squelette. D’autre part l’influence de l’histoire et des religions, avec les costumes des chevaliers guerriers aztèques. Les chevaliers aigles ou jaguars portaient les attributs de ces animaux sacrés. Les Luchadores adoptent la même démarche. En se déguisant, ils deviennent des mythes vivants. Ils espèrent se dépasser et disposer de pouvoirs surhumains.

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BLAM!Quel est ton catcheur préféré ?
BLAM!Jimmy Pantera: En France dans les années 60 la vedette se nommait l’ANGE BLANC. Il était tellement populaire que d’autres catcheurs usurpèrent son identité. Parfois 7 Anges Blancs différents combattaient un peu partout en France... A la fin des années 80 aux USA il y avait PAPA CHANGO, un catcheur noir bâti comme un frigo géant, couvert de tatouages et grimé comme un sorcier vaudou... Quand il a quitté le ring il est devenu patron de boîtes de strip tease à Las Vegas. Puis je me suis vraiment intéressé à la Lucha Libre et j’ai découvert BLUE DEMON, qui est instantanément devenu mon idole avec son masque très simple mais très graphique... J’aime aussi son style de combat, à la fois souple et puissant. Grâce à son parcours (d’abord RUDO puis TECNICO) BLUE DEMON représente la quintessence de la Lucha Libre, la preuve que le Bien et le Mal coexistent dans le même homme.

BLAM!Comment as-tu eu l’idée de réaliser « LOS TIGRES DEL RING » ?
BLAM!Jimmy Pantera: A partir du moment où j’ai commencé à voyager au Mexique, j’ai très vite accumulé une quantité impressionnante de documents... et chez moi j’avais même installé une sorte de petit musée. Je me suis vite dit que ce serait intéressant de sublimer tout ça et d’en faire un livre... Puis j’ai rencontré un directeur de collection de Glénat, qui m’a proposé de réaliser une maquette dans l’esprit des « Craignos Monsters ». Malheureusement ce projet n’a pas abouti. J’ai alors commencé un long chemin, qui a duré des années, où j’ai proposé mon livre à des tas d’éditeurs. Parfois j’avais une réponse immédiate, toujours négative (« Non, ça ne nous intéresse pas, c’est trop pointu... »), parfois aussi j’attendais des mois (« Ah ça nous intéresse mais on doit réfléchir... ») pour finalement me retrouver à la case départ. J’ai tout de même eu des contacts plus approfondis avec les Requins Marteaux, et aussi avec Eastpak et Carharrt. Et puis cet été RUN m’a proposé d’éditer mon livre chez ANKAMA et tout s’est accéléré. J’ai signé le contrat en août, et le livre était terminé quatre mois plus tard... Un record !

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BLAM!Il y a une évolution entre la maquette de départ et le résultat final ?
BLAM!Jimmy Pantera: Oui, le projet a énormément évolué. J’avais une maquette de base de 80 pages, sans textes. RUN m’a demandé d’aller plus loin, bien sûr, et surtout de me lâcher au niveau de l’écriture. Le défi était d’éditer un livre plus complet que les autres et d’explorer le cœur du sujet. Je suis donc retourné au Mexique avec la photographe LUCIE BURTON. Ses photos dynamiques et spontanées ont créé un lien avec la réalité de la Lucha Libre aujourd’hui. On évite les clichés et les cartes postales ! Cette démarche transporte le lecteur dans un Mexique authentique. On est donc passé de 80 pages à 216, avec un apport créatif important de la part de l’équipe d’ANKAMA, avec le design de YUCK pour la couverture, et les interventions de RUN et de JONN pour les pages intérieures. C’est le résultat d’un travail collectif harmonieux.

BLAM!As-tu d’autres projets ?
BLAM!Jimmy Pantera: Oui bien sûr, mais avant d’en dire quoi que ce soit il faudra attendre et voir si « LOS TIGRES DEL RING » se vend bien...

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Un extrait de Santo contre Blue Demon:

Pour plus d'infos...
  Acheter en ligne le livre "Los Tigres des Ring"


Interview réalisée par ADN, novembre 2008.


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